Il était une fois… des livres en voyage… Paris… Kassel… Beine-Nauroy
5 novembre 1949: Fondation du "Cercle Français de Kassel“. Présidente: Mme. Andrée
Rozel-Häger, née à Paris en 1900; épouse d'un architecte du service
municipal des travaux publics de Kassel, elle a enseigné le français
dans plusieurs écoles et dans l'université populaire. Elle réussit à
établir des contacts avec la Direction générales des affaires
culturelles du Haut-commissariat français en Allemagne. 1950: Cet
organisme s'efforce, après la fondation de la République fédérale
d'Allemagne, à étendre son réseau de points d'appui culturels
aux autres ex-zones d'occupation. Le Cercle Français en devient un:
il bénéficie donc de l'aide matérielle de la D.G.A.C. : livres pour une
bibliothèque d'un millier de volumes, projecteur de films,
tourne-disque, une grande quantité de disques de musique
classique, mobilier pour une salle de réunion, etc....
Début des L'université populaire est obligée de récupérer les locaux mis à la
années 1990 : disposition du Cercle. Malgré tous les efforts de ce dernier, il est
impossible de trouver un local pour sa bibliothèque.
2002 : Le Cercle conclut un accord de « prêt perpétuel » avec le Lycée
bilingue « Albert Schweitzer », qui est disposé à intégrer les livres dans
son Centre de Documentation et d'Information.
2016 : Le Lycée « Albert Schweitzer », ayant constaté que la génération
actuelle de ses élèves ne fait qu'un usage minime de livres de
l'ex-bibliothèque du Cercle, décide de s'en « débarrasser ».
J' entends parler, par hasard, de cette situation : je contacte Katrin
Florin (actuellement vice-présidente du Cercle) pour lui suggérer la
cession des livres à la Bibliothèque Georges et Yvette Lundy. Cette
solution est adoptée par tous les intéressés.
2017 : C'est à l'occasion des commémorations du Centenaire du Mt.-Cornillet
que Katrin Florin assure le transport des livres à Beine-Nauroy.
Ils sont aujourd'hui exposés dans la salle d'honneur de la mairie.
P.S. : Le décès d'André Rozel-Haeger mérite un post-scriptum :
En 1994, elle accompagne (comme maintes fois depuis 1954) un groupe
de Kasselois - en autocar - pour un voyage d'études à Paris. À la fin du
séjour de ce groupe (qu'elle a accompagné partout, Louvre etc etc.), elle
est retenue à Paris à cause d'une fête familiale et le groupe repart en
autocar sans elle. Lorsqu'elle veut se rendre à la Gare de l'Est, en Métro,
elle s'évanouit sur un quai de station et meurt en quelques secondes.
Ses possessions - sac avec documents, petite valise - disparaissent
« miraculeusement » et pour la police, elle est d'abord une « personne
non-identifiable ». Heureusement, quelqu'un trouve sa note d'hôtel dans
une poche du manteau, et l'hôtel fournit les données nécessaires pour
son rapatriement … (au fond : rapatriement, ou émigration finale?).
Annexes : (1) Bordereau d'envoi en date du 18 décembre 1950 :
Envoi de « 5 caisses de livres » de la part de la D.G.A.C. (Mayence),
« Dépôt de Livres »
(2) Acte de la « Remise officielle » de livres, à la « Albert-Schweitzer-Schule »
Origine des livres « anciens » que j'ai remis personnellement, le 19 mai 2017 :
Ces livres proviennent de la bibliothèque d'une collègue (traductrice : langues française et russe ; elle a fait partie de la délégation du chancelier Adenauer, lors des négociations pour l'établissement de relations diplomatiques germano-soviétiques en 1955) qui est décédée il y a plusieurs années. Du côté maternel, elle avait des aïeux français, et pendant ses années de jeunesse (= début des années 1930), elle avait souvent passé des vacances à Paris. Ce fut à cette époque qu'on lui avait fait don de livres anciens. Sa fille Daniela - orpheline de père : le premier mari de sa mère, un germano-brésilien, sous-lieutenant parachutiste est tombé lors de l'invasion de Crète : la fille ne l'a jamais connu - est elle-même passée à la retraite : elle a 77 ans. Elle a trouvé des preneurs pour les livres allemands de sa mère, mais en ce qui concerne la catégorie des « classiques » français, elle m'a proposé de chercher une destination appropriée.
Le fait que ces livres se trouvent désormais dans la bibliothèque de Beine-Nauroy est, selon ce qu'elle m'a dit après mon retour du centenaire du Mt.-Cornillet, « parfaitement dans le sens qu'aurait souhaité feue sa mère. »
Karl Freudenstein